Rechercher dans ce blog

jeudi 15 mai 2008

L'ECONOMIE NOUS COUTE VRAIMENT TRES CHER

L'ECONOMIE NOUS COUTE VRAIMENT TRES CHER


Voir TABLE DE L'ECONOMIE


A- L'Economie est peu évaluée:


Dans la série des réformes d'inspiration libérale, toutes les grandes fonctions sociales sont remises en question au regard des critères économiques de coût et rentabilité. Tout y passe ou tout peut y passer: l'école, la recherche, la santé, la justice, la défense, le lien social , l'allongement de la vie, voire le besoin d'eau et d'air pur, l'amour et la manipulation de nos gênes...

Tout, sauf précisément l'économie dont la fonction est d'assurer la production des biens et services nécessaires à la survie et au bien-être de la collectivité.. Cette fonction n'est certes pas négligeable mais subordonnée , précisément à la survie et au bien-être de la collectivité.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles l'économie est restée hors d'une évaluation objective:


1°) l'importance sociale de l'univers économique qui concerne une masse de chefs d'entreprises et travailleurs déterminants dans le débat politique (électoral?) et la quasi totalité de la population concernée par le besoin de consommer et par une dépendance aux produits proposés par l'économie telle qu'elle fonctionne

2°) le postulat absurde selon lequel l'économie est seule à produire une valeur qui est ensuite prélevée et redistribuée par les groupes sociaux responsables des autres fonctions sociales .

En réalité l'entreprise ne produit pas de la valeur mais des produits ou services dont la valeur ne peut exister que par l'acte d'achat . Sans achat, en l'absence d'utilité reconnue ou réelle, le produit n'est pas une valeur mais un coût, aggravé par les coûts d'élimination de déchets, et comptabilisable du seul point de vue des coûts, comme une création artistique ou un simple service public.

La valeur dépend bien sûr des préférences du consommateur mais aussi du pouvoir d'achar de ce dernier. Ceci pourrait faire de la distribution de revenus la seule fonction économique créant de la valeur effective.Et les revenus de l'activité économique (salaires et profits) constituent , avant ou après redistribution, une partie importante des revenus créateurs de valeur.

Du moins en économie réelle mais pas en économie financière. Le crédit d'une part (ressources d'épargne multipliées par les coefficients bancaires) et la titrisation des actifs sont des distributeurs de valeur dont le montant , totalement arbitraire, dépasse de plusieurs dizaines de fois le montant de l'épargne disponible , des ressources des Banques centrales et même du Produit National Brut .C'est dire que les ressources financières disponibles pour créer de la valeur et réaliser des achats solvables sont arbitrairement dissociées de l'utilité du travail d'entreprise. Elles obéissent à des critères sans commune mesure avec ceux de l'économie réelle (par exemple la « norme » des rendements attendus du capital est fixée à 14% dans des économies où le PNB ne croit que de 2 ou 3% par an)

    3°) deuxième postulat : la concurrence et le marché et sont préférables à toute autre méthode d'évaluation.

    L'argument de la concurrence prête à sourire: une entreprise sanctionnée par la concurrence est généralement une entreprise qui n'a pas su s'entendre avec ses concurrents ou ses fournisseurs. Quand elle est éliminée par la concurrence, ses actifs sont soit détruits (aux frais de la collectivité) soit recyclés dans le circuit économique au profit d'un concurrent ...qui renforce sa capacité de monopole.

    La clientèle serait un meilleur juge de la satisfaction finale si la publicité , très généreusement défiscalisée, se limitait à une simple information technique sur les produits. Et si elle n'avait pas pris, depuis longtemps, les aspects d'un bombardement permanent qui conditionne les consommateurs ou les prescripteurs d'achat . On connait la célèbre déclaration du président de TF1 sur la capture du cerveau humain. Depuis peu une chaine de TV plonge les bébés dans un bain visuel et sonore qui prépare leurs futurs comportements d'acheteur . On connait aussi les débordements du maketing pour adolescents (marques, jeux en ligne etc...)

    Aucune fonction sociale autre que l'économie marchande ne dispose d'autant de moyens (d'origine publique puisque déduits de la capacité fiscale) de former ou déformer le marché par le financement de la presse et de l'audio visuel ou par des moyens dits de « lobbying » auprès du grand public et des divers décideurs .Contrairement à ce qu'on s'imagine, la France n'est pas la plus honorablement classée dans la liste des pays corrupteurs ou corrompus établie par Transparency International.

  • Et depuis longtemps on incorpore dans les produits des matières stimulantes (sel, sucre, graisses, peut-être bientôt des psychotropes) qui agissent, peut-être par l'euphorie, sur le Bonheur National Brut mais aussi sur les chiffres d'affaires et donc le Produit National Brut

B- L'économie pourrait être réévaluée:


1°) d'abord par application de ses propres critères d'efficience (coûts, recettes;, profits...).Le secteur économique est beaucoup moins économe qu'il le dit des ressources qui lui sont confiées par la société des actionnaires, des banquiers et des consommateurs

  • les dépenses ne sont pas toujours très bien contrôlées par les dirigeants, les actionnaires, les employés et.. plus généralement les « stakeholders ». Les rémunérations exorbitantes, les frais généraux confortables, les détournements de fonds, les parachutes dorés après échec, les dépenses publicitaires qui soutiennent des objectifs pas forcément recommandables , les fonds d'organismes solidaires permettant de « fluidifier les relations sociales"...tout ceci laisse à penser qu'un contrôle plus rigoureux des comptes d'entreprise fournirait bien du grain à moudre en faveur du pouvoir d'achat et des investissements d'avenir...

  • d'autant plus que , même honnête et austère, un dirigeant peut se tromper dans sa stratégie (nombreux exemples dans le BTP, les medias, l'ingénierie etc...) ou dans ses tactiques (trader de la Générale...). Il y a toujours un payeur en dernier ressort: généralement l'Etat ou la Banque centrale ou les clients, ou tout le monde à la fois

    - Les rivalités personnelles entre patrons n'ont rien à envier aux querelles politiciennes. Une partie des stratégies des entreprises ne consiste pas à fournir de meilleurs produits et services mais à déplacer un concurrent, ce qui est une destruction de valeur.

  • la prise en charge des économies et des economies externes est assez arbitraire.

  • D'autres formes d'entreprise (paternalisme, communisme) , sans doute moins efficaces au point de vue de l'économie de marché , pratiquaient une conception différente de la répartition du travail social.Dans les économies industrialisées, c'est l'impôt qui répartit différemment les taches.Rappelons qu'en France seule une entreprise sur deux paye des impôts . L'evasion fiscale (fraude ou evasion) est évaluée à 45 milliards d'euros , dont l'essentiel en provenance des entreprises.

  • L'entreprise ne couvre pas directement les frais de services dont elle bénéficie: formation amont des employés, infrastructures de transports, recherche scientifique, sécurité des territoires etc...

  • L'entreprise ne couvre pas directement les dommages suscités par son activité : licenciements collectifs, mises à la retraite anticipée, pollutions et accidents technologiques

  • Bien des entreprises , notamment dans les périodes de lancement ou de crise, ou des secteurs entiers (agriculteurs, transports...) reçoivent des aides financières publiques par subvention ou exonération, garantie de prix , protection juridique ou douanière, monopole de fait etc...

2°) L'évaluation en fonction des critères généraux de satisfaction supposerait

  • dans un premier temps d'apprécier l'économie avec les yeux des responsables ou supporters des autres grandes fonctions sociales ( à condition que par équité, ils disposent de la même manne publicitaire que l'entreprise) ,

  • dans un deuxième temps de combiner le tout dans un système d'évaluation comparée, du type « Revision generale des politiques publiques », probablement utopique au plan scientifique et confié, en attendant mieux, à la sagesse des majorités électorales (?) .
  • Peut-être faut-il attendre des progrès de la mission confiée au Prix Nobel d'Economie, Joseph Stiglitz , sur la mesure du Bonheur National Brut. En l'état actuel, le Produit National Brut (somme des « valeurs ajoutées » ) incorpore des « valeurs « qui sont en fait des régressions (les accidents de la route et les divorces créent du Produit National Brut alors que les services publics (école, hopitaux, défense...)sont comptablisés comme centres de côuts non producteurs de valeur

  • La prise en compte de valeurs immatérielles ( Le Bien être, le Bonheur...) et les précautions necessaires pour un avenir proche (climat, destruction de ressources naturelles, pollutions, épidémies, mutations génétiques...) ne sont pas incorporées dans les decisions publiques, a fortiori dans celles de la sphère économique qui dispose encore de moyens puissants pour détourner l'attention de ce qui n'est pas du chiffre d'affaires.

Donc , pour longtemps encore, l'économuie telle que nous la pratiquons, restera un luxe de pays riche, dépensier et frivole.